DIRECTOIRE (1798). 17
si profondément, qu’il est quelquefois dangereux
de la traverser à cheval. Les travaux des champs
sont alors finis. Les Égyptiens ont recueilli toutes
les richesses de l’année. Outre les blés, l’Égypte
produit les meilleurs riz, les plus beaux légumes,
le sucre, l’indigo, le séné, la casse, le natron, le
lin, le chanvre, le coton, tout cela avec une merveilleuse
abondance. Il lui manque des huiles mais
elle les trouve vis-à-vis, en Grèce; il lui manque le
tabac et le café, mais elle les trouve à ses côtés,
dans la Syrie et l’Arabie. Elle est aussi privée de
bois, car la grande végétation ne peut pas pousser
sur ce limon annuel que le Nil dépose sur un fond
de sable. Quelques sycomores et quelques palmiers
sont les seuls arbres de l’Égypte. A défaut de bois
on brûle la bouse de vache. L’Égypte nourrit d’immenses
troupeaux. Les volailles de toute espèce y
fourmillent. Elle a ces admirables chevaux, si célèbres
dans le monde par leur beauté, leur vivacité,
leur familiarité avec leurs maîtres, et cet
utile chameau, qui peut manger et boire pour
plusieurs jours, dont le pied enfonce sans fatigue
dans les sables mouvants, et qui est comme un
navire vivant pour traverser la mer des sables.
Tous les ans arrivent au Caire d’innombrables
caravanes, qui abordent comme des flottes des deux
côtés du désert. Les unes viennent de la Syrie et
de l’Arabie, les autres de l’Afrique et des côtes de