Page:Thiers - Histoire de la Révolution française, tome 10.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

18 RÉVOLUTION FRANÇAISE.


Barbarie. Elles apportent tout ce qui est propre aux pays du soleil, l’or, l’ivoire, les plumes, les schalls inimitables, les parfums, les gommes, les aromates de toute espèce, le café, le tabac, les bois et les esclaves. Le Caire devient un entrepôt magnifique des plus belles productions du globe, de celles que le génie si puissant des occidentaux ne pourra jamais imiter, car c’est le soleil qui les donne, et dont leur goût délicat les rendra toujours avides. Aussi le commerce de l’Inde est-il le seul dont les progrès des peuples n’amèneront jamais la fin. Il ne serait donc pas nécessaire de faire de l’Égypte un poste militaire, pour aller détruire violemment le commerce des Anglais. Il suffirait d’y établir un entrepôt, avec la sûreté, les lois et les commodités européennes, pour attirer les richesses du monde. La population qui occupe l’Égypte est, comme les ruines des cités qui la couvrent, un amas des débris de plusieurs peuples. Des Cophtes, anciens habitants de l’Égypte, des Arabes, conquérants de l’Égypte sur les Cophtes, des Turcs conquérants sur les Arabes, telles sont les races dont les débris pullulent misérablement sur une terre dont ils sont indignes. Les Cophtes, quand les Français y entrèrent, étaient deux cent mille au plus. Méprisés, pauvres, abrutis, ils s’étaient voués, comme toutes les classes proscrites, aux plus ignobles métiers. Les Arabes formaient la masse presque entière de la