DIRECTOIRE (1798). 41
Mourad, avec les débris de sa cavalerie, et le visage
tout sanglant, se retira vers la Haute-Égypte. Ibrahim,
qui de l’autre rive contemplait ce désastre,
s’enfonça vers Belbeys, pour se retirer en Syrie.
Les Mameluks mirent aussitôt le feu aux djermes
qui portaient leurs richesses. Cette proie nous
échappa, et nos soldats virent pendant toute la
nuit des flammes dévorer un riche butin.
Bonaparte plaça son quartier-général à Giseh,
sur les bords du Nil, où Mourad-Bey avait une superbe
habitation. On trouva, soit à Giseh, soit à
Embabeh, des provisions considérables, et nos soldats
purent se dédommager de leurs longues privations.
Ils trouvèrent des vignes couvertes de magnifiques
raisins dans les jardins de Giseh, et les
eurent bientôt vendangées. Mais ils firent sur le
champ de bataille un butin d’une autre espèce,
c’étaient des schalls magnifiques, de belles armes,
des chevaux, et des bourses qui renfermaient jusqu’à
deux ou trois cents pièces d’or; car les Mameluks
portaient toutes leurs richesses avec eux.
Ils passèrent la soirée, la nuit et le lendemain à
recueillir. des dépouilles. Cinq à six cents Mameluks
avaient été tués. Plus de mille étaient noyés
dans le Nil. Les soldats se mirent à les pêcher pour
les dépouiller, et employèrent plusieurs jours encore
à ce genre de recherche.
La bataille nous avait à peine coûté une