Page:Thiers Adolphe - Histoire de la Révolution française t1 (1839).pdf/124

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mandans des troupes avaient reçu l'ordre de s'avancer du 14 au 15, que les billets d'état avaient été fabriqués, que les casernes des Suisses étaient pleines de munitions, et que le gouverneur de la Bastille avait déménagé, ne laissant dans la place que quelques meubles indispensables. Dans l'après-midi, les terreurs de l'assemblée redoublèrent ; on venait de voir passer le prince de Lambesc à toute bride ; on entendait le bruit du canon, et on appliquait l'oreille à terre pour saisir les moindres bruits. Mirabeau proposa alors de suspendre toute discussion, et d'envoyer une seconde députation au roi. La députation partit aussitôt pour faire de nouvelles instances. Dans ce moment ,deux membres de l'assemblée, venus de Paris en toute hâte, assurèrent qu'on s'y égorgeait ; l'un deux attesta qu'il avait vu un cadavre décapité et revêtu de noir. La nuit commençait à se faire ; on annonça l'arrivée de deux électeurs. Le plus profond silence régnait dans la salle ; on entendait le bruit de leurs pas dans l'obscurité ; et on apprit de leur bouche que la Bastille était attaque, que le canon avait tiré, que le sang coulait, et qu'on était menacé des plus affreux malheurs. Aussitôt une nouvelle députation fut envoyée avant le retour de la précédente. Tandis qu'elle partait, la première arrivait et rapportait la réponse du roi. Le roi avait ordonnée, disait-il, l'éloignement des troupes campées