Page:Thiers Adolphe - Histoire de la Révolution française t1 (1839).pdf/187

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faut rendre irrévocables en les promulguant. D’ailleurs, fussent-ils mauvais, les imaginations, sont en possession de ces arrêtés, on ne peut plus les leur refuser. Répétons ingénument au roi ce que le fou de Philippe II disait à ce prince si absolu : « Que ferais-tu, Philippe, si tout le monde disait oui quand tu dis non ? »

L’assemblée ordonna de nouveau à son président de retourner vers le roi, pour lui demander sa promulgation. Le roi l’accorda. De son côté , l’assemblée délibérant sur la durée du veto suspensif, l’étendit à deux législatures ; mais elle eut le tort de laisser voir que c’était en quelque sorte une récompense donnée à Louis XVI, pour les concessions qu’il venait de faire à l’opinion.

Tandis qu’au milieu des obstacles suscités par la mauvaise volonté des privilégiés et par les emportemens populaires, l’assemblée poursuivait son but, d’autres embarras s’accumulaient devant elle, et ses ennemis en triomphaient. Ils espéraient qu’elle serait arrêtée par la détresse des finances, comme l’avait été la cour elle—même. Le premier emprunt de trente millions n’avait pas réussi : un second de quatre-vingts, ordonné sur une nouvelle proposition de Necker[1], n’avait pas eu un résultat plus heureux. « Discutez, dit un jour

  1. Décret du 27 août.