Page:Thiers Adolphe - Histoire de la Révolution française t1 (1839).pdf/404

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

attente. Enfin tout le cortège étant entré au Champ-de-Mars, la danse cesse ; chaque fédéré va rejoindre sa bannière. L'évêque d'Autun se prépare à célébrer la messe à un autel à l'antique dressé au milieu du Champ-de-Maris. Trois cents prêtres vêtus d'aubes blanches, coupées de larges ceintures tricolores, se rangent aux quatre coins de l'autel. L'évêque d'Autun bénit l'oriflamme et les quatre-vingt-trois bannières : il entonne le Te Deum. Douze cents musiciens exécutent ce cantique. Lafayette, à la tête de l'état-major de la milice parisienne et des députés des armées de terre et de mer, monte à l'autel, et jure, au nom des troupes et des fédérés, d'être fidèle à la nation, à la loi, au roi. Une décharge de quatre pièces de canon annonce à la France ce serment solennel. Les douze cents musiciens font retentir l'air de chants militaires ; les drapeaux, les bannières s'agitent ; les sabres tirés étincellent. Le président de l'assemblée nationale répète le même serment. Le peuple et les députés y répondent par des cris de Je le jure. Alors le roi se lève, et prononce d'une voix forte : Moi, roi des Français, je jure d'employer le pouvoir que m'a délégué l'acte constitutionnel de l'état, à maintenir la constitution décrétée par l'assemblée nationale et acceptée par moi. La reine prend le dauphin dans ses bras, le présente au peuple, et dit : Voilà mon fils ; il se réunit, ainsi que moi, dans ces mêmes sentimens. Ce mouvement inattendu fut payé par mille cris, de Vive le roi ! Vive la reine ! Vive M. le Dauphin ! Les canons continuaient de mêler leurs sons majestueux aux sons guerriers des instruments militaires et aux acclamations du peuple ; le temps s'était éclairci : le soleil se montrait dans tout son éclat ; il semblait que l'Éternel même voulût être témoin de ce mutuel engagement, et le ratifier par sa présence… Oui, il le vit, il l'entendit ; et les maux affreux qui depuis ce jour n'ont cessé de désoler la France, ô Providence