Page:Thiers Adolphe - Histoire de la Révolution française t1 (1839).pdf/409

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la même que celle du domaine qu’il représente; mais cependant il faut convenir, avant tout, que jamais aucun papier national ne marchera de pair avec les métaux ; jamais le signe supplémentaire du premier signe représentatif de la richesse, n’aura la valeur exacte de son modèle ; le titre même constate le besoin, et le besoin porte crainte et défiance autour de lui.

« Pourquoi l’assignat-monnaie sera-t-il toujours au-dessous de l’argent ? C’est d’abord parce qu’on doutera toujours de l’application exacte de ses rapports entre la masse des assignats et celle des biens nationaux , c’est qu’on sera longe-temps incertain sur la consommation des ventes ; c’est qu’on ne conçoit pas à quelle époque deux milliards d’assignats, représentant à peu près la valeur des domaines, se trouveront éteints ; c’est parce que, l’argent étant mis en concurrence avec le papier, l’un et l’autre deviennent marchandise ; et plus une marchandise est abondante, plus elle doit perdre de son prix ; c’est qu’avec de l’argent on pourra toujours se passer d’assignats, tandis qu’il est impossible avec des assignats de se passer d’argent ; et heureusement le besoin absolu d’argent conservera dans la circulation quelques espèces, car le plus grand de tous les maux serait d’en être absolument privé. »

Plus loin l’orateur ajoute ;

« Créer un assignat-monnaie, ce n’est pas assurément représenter un métal marchandise, c’est uniquement représenter un métal-monnaie : or un métal simplement monnaie ne peut, quelque idée qu’on y attache, représenter celui qui est en même temps monnaie et marchandise. L’assignat-monnaie, quelque sûr, quelque solide qu’il puisse être, est donc une abstraction de la monnaie métallique ; il n’est donc que le signe libre ou forcé, non, pas de la richesse, mais simplement du crédit. Il suit de