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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

libre exportation des grains. Sa haine se dirigeait surtout contre la subvention territoriale ; mais il craignait, par un refus, d’éclairer le public, et de lui laisser voir que son opposition était tout intéressée. Il hésitait, lorsqu’on lui épargna cet embarras en présentant ensemble l’édit sur le timbre et sur la subvention territoriale, mais surtout en commençant la délibération par celui du timbre. Le parlement put ainsi refuser le premier sans s’expliquer sur le second ; et, en attaquant l’impôt du timbre qui affectait la majorité des contribuables, il sembla défendre les intérêts publics. Dans une séance où les pairs assistèrent, il dénonça les abus, les scandales et les prodigalités de la cour, et demanda des états de dépenses. Un conseiller, jouant sur le mot, s’écria : « Ce ne sont pas des états, mais des états généraux qu’il nous faut ! » Cette demande inattendue frappa tout le monde d’étonnement. Jusqu’alors on avait résisté parce qu’on souffrait ; on avait secondé tous les genres d’opposition, favorables ou non à la cause populaire, pourvu qu’ils fussent dirigés contre la cour, à laquelle on rapportait tous les maux. Cependant on ne savait trop ce qu’il fallait désirer : on avait toujours été si loin d’influer sur le gouvernement , on avait tellement l’habitude de s’en tenir aux plaintes, qu’on se plaignait sans concevoir l’idée d’agir ni de faire une révolution. Un seul mot prononcé offrit un but