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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

savait si c’était un lit de justice. Les visages étaient mornes, un profond silence régnait, lorsque le duc d’Orléans se leva, les traits agités, et avec tous les signes d’une vive émotion; il adressa la parole au roi, et lui demanda si cette séance était un lit de justice ou une délibération libre. « C’est une séance royale, » répondit le roi. Les conseillers Fréteau, Sabatier, d’Espréménil, prirent la parole après le duc d’Orléans, et déclamèrent avec leur violence ordinaire. L’enregistrement fut aussitôt forcé, les conseillers Fréteau et Sabatier furent exilés aux îles d’Hyères, et le duc d’Orléans à Villers-Cotterets. Les états-généraux furent renvoyés à cinq ans.

Tels furent les principaux évènemens de l’année 1787. L’année 1788 commença par de nouvelles hostilités. Le 4 janvier, le parlement rendit un arrêté contre les lettres de cachet, et pour le rappel des personnes exilées. Le roi cassa cet arrêté ; le parlement le confirma de nouveau.

Pendant ce temps, le duc d’Orléans, consigné à Villers-Cotterets, ne pouvait se résigner à son exil. Ce prince, brouillé avec la cour, s’était réconcilié avec l’opinion, qui d’abord ne lui était pas favorable. Dépourvu à la fois de la dignité d’un prince et de la fermeté d’un tribun, il ne sut pas supporter une peine aussi légère ; et, pour obtenir son rappel, il descendit jusqu’aux sollicitations, même envers la reine, son ennemie personnelle.