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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

encore avait enfermé quelques-uns de ses membres venus à Paris pour réclamer.

Les élémens eux-mêmes semblaient s’être déchaînés. Une grêle du 13 juillet avait dévasté les récoltes, et devait rendre l’approvisionnement de Paris plus difficile, Surtout au milieu des troubles qui se préparaient. Toute l’activité du commerce suffisait à, peine pour concentrer la quantité de subsistances nécessaire à cette grande capitale ; et il était à craindre qu’il ne devint bientôt très difficile de la faire vivre, lorsque les agitations politiques auraient ébranlé la confiance et interrompu les communications. Depuis le cruel hiver qui suivit les désastres de Louis XIV, et qui immortalisa la charité de Fénelon, on n’en avait pas vu de plus rigoureux que celui de 88 à 89. La bienfaisance, qui alors éclata de la manière la plus touchante, ne fut pas suffisante pour adoucir les misères du peuple. On avait vu accourir de tous les points de la France une quantité de vagabonds sans profession et sans ressources, qui étalaient de Versailles à Paris leur misère et leur nudité. Au moindre bruit, on les voyait paraître avec empressement pour profiter des chances toujours favorables à ceux qui ont tout à acquérir, jusqu’au pain du jour.

Ainsi tout concourait à une révolution. Un siècle entier avait contribué à dévoiler les abus et à les pousser à l’excès ; deux années à exciter la révolte,