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ÉTATS-GÉNÉRAUX (1789).

tions de Louis XVI, il était plein de respect pour lui; d’ailleurs, ne voulant nuire à sa propre cause par aucun tort, il répondit que, par déférence pour le roi, il consentait à la reprise des conférences, quoique,d’après les déclarations de la noblesse, on pût les croire inutiles. Il joignit à cette réponse une adresse qu’il chargea son doyen de remettre au prince.Ce doyen était Bailly, homme simple et vertueux, savant illustre et modeste, qui avait été transporté subitement des études silencieuses de son cabinet au milieu des discordes civiles. Choisi pour présider une grande assemblée , il s’était effrayé de sa tâche nouvelle, s’était cru indigne de la remplir,et ne l’avait subie que par devoir. Mais élevé tout à coup à la liberté, il trouva en lui une présence d esprit et une fermeté inattendues ;au milieu de tant de conf‍lits, il f‍it respecter la majesté de l’assemblée, et représenta pour elle avec toute la dignité de la vertu et de la raison.
Bailly eut la plus grande peine à parvenir jusqu’au roi.Comme il insistait afin d'être introduit les courtisans répandirent qu’il n’avait pas même respecté la douleur du monarque, affligé de la mort du dauphin. Il fut enf‍in présenté, sut écarter tout cérémonial humiliant, et montra autant de fermeté que de respect. Le roi l’accueillit avec bonté, mais sans s’expliquer sur ses intentions.
Le gouvernement, décidé à quelques sacrif‍ices