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de ces lieux mornes et silencieux nous effraie… les terribles histoires que l’on a faites sur ces maisons montent à notre cerveau et y portent l’épouvante ; à mesure que nous avançons, l’obscurité augmente, nous hésitons… mais notre guide, qui ne voit dans notre hésitation autre chose que de la timidité, prend le devant et de sa voix angélique nous rassure.

À la faible clarté que nous donnent nos lampes dans ces lieux obscurs, elle nous paraît comme un ange libérateur… nous nous apercevons qu’elle ne craint pas d’être seule avec nous dans ces lieux noirs et solitaires, que nous sommes pour elle des amis, des frères qui ne lui veulent aucun mal ; nous distinguons la croix qu’elle porte sur sa poitrine ; il nous semble que cette croix grandit à mesure qu’elle avance, qu’elle grandit… grandit jusqu’à ce qu’elle entoure toute sa personne ; ravis, nous la suivons, notre crainte s’évanouit et nous entrons plus rassurés dans une grande enceinte remplie de tombes.

À peine sommes-nous entrés, que le but de notre visite revient à notre esprit ; tout en feignant d’examiner la tombe de telle ou telle religieuse, nous sondons les murs et les fondations ; la moindre fissure attire notre attention, et nous espérons que notre main touchera quelque ressort secret qui fera ouvrir des portes cachées, ou que notre pied nous fera découvrir l’existence de quelque caveau au-dessous de celui où nous sommes.

Notre guide ne se fatigue point ; elle aime notre curiosité et n’y voit autre chose que notre désir de tout voir. L’ordre qui régnait en haut, est le même ici.

En revenant des souterrains, où nous avons passé plus d’une heure, nous fouillons les autres caves ; mêmes recherches inutiles, rien qui puisse éveiller notre attention ou confirmer nos soupçons. La bonne sœur, toujours riante et agréable, nous montre tout et nous explique les moindres détails. Nous