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rents ; il se distingua à l’école primaire et plus tard au collège, et les bons vieillards se trouvèrent amplement récompensés de leurs sacrifices, par son assiduité à l’étude, la régularité de sa conduite, son respect à leur égard. C’est ce qui explique la peine qu’ils éprouvèrent lors de la récente séparation.

Le mariage de M. Dumont avait été contracté contre le vœu de ses parents, qui voyaient dans une union mixte un danger pour la foi de leur fils. Leurs craintes n’étaient, hélas ! que trop fondées. Lancé dans un milieu hostile à sa foi, harcelé sans cesse par des sectaires dressés à la controverse, et trop peu instruit de sa religion pour réfuter leurs arguments avec succès, le père de Gustave abandonna peu à peu toutes ses pratiques religieuses ; puis, par insouciance, faiblesse et respect humain, il abjura finalement le catholicisme pour embrasser la religion prétendue réformée.

Comme il arrive trop souvent aux âmes dévoyées, une fois sorti du droit chemin, il s’égara de plus en plus. De catholique négligent, puis indifférent, il devint un protestant zélé, militant et bientôt fanatique. Enfin, ayant reçu une instruction assez développée et étant doué d’une élocution facile, il suivit des cours de théologie protestante, et à l’époque où nous le rencontrons, il était devenu l’un des ministres les plus zélés de la secte presbytérienne ; déjà même son remarquable talent oratoire lui avait fait une réputation parmi ses nouveaux coreligionnaires.

Ne voulant pas que son fils continuât à être élevé dans l’Église romaine, il l’avait envoyé chercher, afin de réformer et de parfaire son éducation, et ainsi le forcer à renoncer aux prétendues erreurs d’une Église que désormais il abhorrait.

Il avait construit un édifice religieux où il se donnait pour mission de prêcher le pur Évangile aux Canadiens-Français de la ville et des environs. En dépit de tout son zèle, il n’avait guère réussi qu’à