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gustave

verset de ce même chapitre, dit M. Dumont vexé : C’est l’esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien, les paroles que je vous dis sont esprit et vérité. Ces paroles ne sont-elles pas assez claires, ne disent-elles pas évidemment que Jésus voulait signifier que son discours devait être pris au figuré et non à la lettre, puisque la chair ne sert de rien et que les paroles qu’il dit sont esprit.

— Une question, s’il vous plaît, Jésus parle-t-il ici de sa chair, ou de la chair en général ?

M. Dumont ne s’était pas préparé ou plutôt ne s’attendait pas à une question semblable ; après avoir réfléchi quelques instants, il répondit avec hésitation :

— Il parle de sa propre chair ; mais qu’est-ce que cela fait ?

— Beaucoup ; si sa chair ne sert à rien, à quoi a servi la mort de celui qui possédait un corps composé de cette chair et du sang d’un Dieu ?

— Que veut donc dire Jésus-Christ par ses paroles ? dit M. Johnson ; il faut convenir que sa chair nous a été d’une grande utilité, vu que par sa mort nous avons été rachetés ; il y a ici contradiction, d’après moi, et il m’est difficile de comprendre comment une chair qui ne sert à rien puisse être utile en certains cas.

— Je pense comme vous : ou elle est utile, ou elle ne l’est pas ; je vous dirai cependant que vous voyez une contradiction où il n’en existe pas, car Jésus-Christ parle ici de la chair en général. Aussi nous comprenons que quand le mot chair est opposé au mot esprit dans le Nouveau Testament, le premier signifie le sens orgueilleux de l’homme, et le second la lumière du Saint-Esprit.

— Des preuves, s’il vous plaît, dit M. Dumont.

— Autant que vous en voudrez, reprit le prêtre. Quand Notre-Seigneur dit a saint Pierre : Vous êtes heureux, Simon, fils de Jonas, parce que ce n’est pas la