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en faisaient la splendeur. Des statues placées de distance en distance représentaient, ici, le dieu de la guerre, là un général éminent, plus loin un lion au repos, enfin, au centre du jardin, où venaient aboutir toutes les allées, une déesse aux formes trop peu voilées se reposait au milieu d’un massif de fleurs.

Quelle différence, se dit notre candide jeune homme, ici, à la plus belle place du jardin, une statue indécente, à Montréal, chez mes grands parents, une statue de la sainte Vierge.

Au même instant, il voit accourir vers lui son aimable sœur qui lui présente une jolie fleur en disant :

— Tiens, cher frère, voici une fleur que j’ai cueillie pour toi. Oh ! que je suis heureuse d’avoir un frère que je vais bien aimer. Tu es content, toi aussi, n’est-ce pas ?

— Oui, bonne petite sœur, répond Gustave en souriant, et je te remercie de ta délicate attention.

— Papa m’a envoyée te chercher pour le déjeuner, dit Alice, c’est le premier repas que nous allons prendre ensemble, et ta place est à côté de moi, et prenant son frère par le bras, elle l’entraîne gaiement vers la maison.

Dès ce jour, une tendre amitié lia ces deux enfants ; dans leurs heures de loisir, ils n’avaient pas de plus grand bonheur que de se trouver l’un avec l’autre. Gustave en profita pour instruire sa sœur, qui était vraiment digne de lui par ses qualités, sa bonne mine et sa physionomie franche et ouverte. Ce fut un grand bonheur pour lui de trouver en elle une élève docile et favorablement disposée ; aussi ne tarda-t-il pas à lui apprendre les prières de notre sainte religion, et l’aimable enfant se plaisait à les répéter souvent.

Le mois de septembre arrivé, Gustave fut placé à l’université dont nous avons parlé plus haut, pour apprendre la langue anglaise. Son aptitude, son application et ses succès lui obtinrent bientôt la bien-