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mêmes. S’il en est ainsi, n’êtes-vous pas coupables de tenir les peuples dans l’ignorance ? Pourquoi ne leur prêchez-vous pas un sermon final en leur disant ouvertement : Frères bien-aimés, nous venons vous annoncer une grande nouvelle qui va remplir vos cœurs d’une joie des plus vives ; une nouvelle ne datant pas d’hier, mais du jour où Notre-Seigneur est mort sur la croix pour nous. Le Christ, en mourant, a acquitté toutes nos dettes spirituelles ; il nous a lavés et purifiés complètement de tous nos péchés passés, présents et à venir. N’essayez pas d’amoindrir ou d’insulter aux mérites infinis de la Rédemption et à sa toute-puissance, en faisant quelque chose pour vous-mêmes ; fermez vos églises, brûlez vos bibles, vous n’en avez pas besoin ; la foi seule suffit pour être sauvé ; toute bonne œuvre est inutile ; le jour de la grande liberté est arrivé : plus de prêches, plus de mortifications et, ce qui vaut encore mieux, plus de péchés à expier. Gloire à Dieu, gloire à Jésus-Christ qui nous a tracé un chemin si facile pour opérer notre salut. Oui, réjouissez-vous dans…

— Vous allez trop loin, dit M. Johnson en l’interrompant, le ridicule n’est pas un argument.

— Non, mais il tire les choses au clair quelquefois ; et ce sermon que je me suis permis de faire en plaisantant, est tout à fait en rapport avec vos avancés. Vous dites que le catholique croit devenir son propre sauveur en pratiquant les bonnes œuvres que son Église demande de lui. Je le me complètement dans le sens que vous prétendez. Le catholique sait aussi bien, sinon mieux que le protestant, que Jésus-Christ est le seul Sauveur ; que le salut de son âme dépend des mérites infinis de sa passion et de sa mort. Mais il sait aussi qu’il y a un étroit sentier tracé par ce divin Sauveur pour atteindre et obtenir ce salut ; cette croyance est basée sur sa foi, et cette foi il la regarde comme un don gratuit de Dieu qu’il veut mettre à profit. Il cherche donc ce que ce divin Sauveur a