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gustave

vous promets, aussitôt qu’il me sera possible, de me jeter dans les bras de cette sainte Église, où je pourrai trouver la vérité, la paix de l’âme et épancher mon cœur éprouvé dans le sein de votre divin Fils.

Elle se lève et, se tournant du côté de Gustave, lui dit :

— Prie pour ta mère, cher enfant, que je puisse avoir ce bonheur. Et vous, monsieur, en s’adressant à son époux, si votre décision est de vous rendre au lac Salé, je vous préviens que vous irez seul, moi je resterai ici, advienne que pourra.

— C’est ta nouvelle religion qui te fait refuser de me suivre ?

— Ne parle pas ainsi, dis donc plutôt que c’est la tienne qui est nouvelle, comptant à peine quinze années d’existence ; c’est cette nouveauté, je suppose, qui te fait croire que mon devoir d’épouse m’oblige de te suivre partout où bon te semblera. Tu as perdu ton âme en t’associant à une secte qui ne respecte ni les lois, ni les mœurs du pays. Il me reste une consolation, mes enfants ne te suivront pas.

— Et moi, je dis qu’ils me suivront de gré ou de force, dit M. Dumont en frappant sur la table. Je suis décidé à suivre les saints de Dieu ; ainsi prépare-toi pour le voyage, sinon, agis à ta guise.

— Je suis toute décidée ; je ne te suivrai pas, et j’espère que Dieu ne m’abandonnera pas.

— Mais, que vas-tu faire seule ici ?

— Ne t’inquiète pas de moi ; laisse-moi ce qui m’appartient ; mon père vit encore, avec lui et mes enfants je me tirerai bien d’affaires. Gustave m’aidera.

— Ne me parle pas des enfants ; je te dis encore une fois qu’ils vont me suivre.

— Papa, dit Gustave d’une voix émue, je vous dois l’obéissance et le respect ; mais ce que je vous dois, je le dois aussi à ma mère ; je vous dirai tout de suite que je ne la quitterai pas pour ajouter à son malheur.

— Ah ! toi aussi tu te rebelles ; nous allons voir si la loi ne vous fera pas agir.