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gustave

— Ce n’est pas leur coutume, surtout le matin, ajoute Arthur.

— C’est peut-être l’effet de la fatigue qu’ils ont éprouvée hier en traversant cette montagne de sable, dit George.

— Je ne pense pas cela, dit Gustave ; si ces animaux étaient fatigués, ils chercheraient plutôt à se coucher qu’à rester ainsi debout en dressant les oreilles comme ils le font ; leurs allures ne me paraissent pas de bon augure.

Deux heures plus tard, le son de la cloche les avertit de ramener les bœufs au camp pour les atteler ; ces animaux s’y en allèrent d’eux-mêmes, ce qui étonna encore plus nos amis.

On va donner le signal du départ ; Gustave, à cheval, attend ses deux amis.

Tout à coup, un mugissement sourd et sauvage se fait entendre, des cris perçants fendent les airs, et bœufs, chevaux et voitures partent comme un coup de foudre.

Gustave se sent soulevé et emporté comme par le vent ; gardant toujours son sang-froid, il parvient à maîtriser son cheval épouvanté et le fait revenir à l’endroit d’où il était parti.

Il s’aperçoit alors de ce qui s’est passé ; un seul wagon est resté au camp, c’est celui de son père ; tous les autres sont emportés dans toutes les directions par les bœufs avec la rapidité de chevaux de course.

— Grand Dieu ! s’écrie-t-il, quel malheur !

Tout le monde est comme stupéfait et ne bouge pas.

Il crie plus fort :

— Ne voyez-vous pas ce qui vient d’arriver ? Nos wagons, nos animaux, nos provisions sont tous disparus.

Ce cri ramène les hommes à eux-mêmes, et ils s’empressent de courir ou de monter sur les quelques chevaux qui n’avaient pu partir, pour donner la chasse aux bœufs qui s’éloignaient toujours.