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gustave

Gustave ; il faut savoir se résigner à la sainte volonté de Dieu.

Deux heures s’écoulent encore. Les deux rives sont fouillées à une grande distance, mais tout est inutile. Alors le capitaine fait remettre la recherche à plus tard.

— Il faut s’occuper, dit-il, de notre salut commun ; mademoiselle Emily est noyée, il n’y pas à en douter ; nous nous remettrons à la recherche de son corps aussitôt que nous aurons ramené nos wagons et nos bœufs dispersés. Allons, chers frères, que chacun de nous fasse tout en son pouvoir ; il y va de notre vie.

On s’empresse d’obéir. M. Dumont ne perd pas un seul instant et, aidé de quelques cavaliers courageux, on réussit à retrouver les voitures les plus éloignées ; plusieurs étaient brisées, beaucoup de hardes et de provisions furent ramassées un peu partout, et au bout de quelques heures, tout était ramené au camp, à l’exception d’une quarantaine de bœufs que l’on ne put retrouver.

Dans une des voitures renversées, on trouva une femme tenant un tout petit enfant sur son sein ; ils étaient morts tous les deux. Un peu plus loin, deux enfants, enlacés dans les bras l’un de l’autre, rendaient le dernier soupir en demandant leur mère, morte avant eux.

M. Dumont sort des draps de son bagage et couvre leurs corps, pendant que l’on se remet à la recherche d’Emily.

La recherche continua le reste de la journée, et pendant deux autres jours, sans aucun résultat. Mais si notre caravane eût connu les secrets de cette prairie, elle aurait vu, pendant que Gustave et ses deux amis fouillaient la rivière, un homme au teint basané s’enfuir à travers les hautes herbes, avec toute la rapidité dont son coursier était capable.

En regardant de plus près, elle aurait vu en ce cavalier un jeune guerrier indien au port noble ; au