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gustave

l’animal furieux. Le buffle dévore l’espace, il n’est plus qu’à quelques pas de George, qui n’a pas encore eu le temps de se relever.

Dans un instant, ce dernier va se faire broyer et tout sera fini pour lui. Gustave pique plus fort ; son cheval, hennissant de douleur, vole plutôt qu’il ne court, et il arrive en poussant un grand cri.

Le buffle, surpris, arrête… hésite et regarde son nouvel agresseur. Gustave en profite, il épaule sa carabine, ajuste et lâche la détente. Le buffle, foudroyé, vient tomber à deux pas de George pâle de frayeur.

— Vous l’avez paru belle, dit Gustave en sautant à terre.

— Oui, cher ami, c’en était fait de moi si vous n’étiez venu à mon secours. Je vous dois la vie, et…

— Ne parlez pas de cela, vous en auriez fait autant pour moi ; mais voici Arthur. Eh bien ! ajouta-t-il en s’adressant à ce dernier, il paraît que votre cheval n’aime pas la société des buffles.

— L’animal stupide, dit Arthur, tout l’effraie.

— Il faut à présent s’occuper de ce méchant buffle, reprit Gustave ; mais il nous faut de l’aide pour le dépecer. Arthur, courez donc à la caravane, et demandez à quelques hommes de venir nous aider.

On ne se fit pas prier ; les uns munis de couteaux, d’autres de sacs, arrivèrent à la hâte, et quelques minutes suffirent pour ne laisser que la carcasse du buffle.

George, rendu à la caravane, raconta ce qui s’était passé, mais Gustave, voulant échapper aux éloges, se tint éloigné.

Quelques jours après cet incident, nos trois amis, qui ne se quittaient plus d’un seul instant, remarquent en avant d’eux un immense rocher, ressemblant en tout point à un château.

— Ne dirait-on pas un château avec tours en