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gustave

savoir que l’eau qui bout n’est pas froide comme celle dans laquelle nous avons pris un bain l’autre jour.

— En ce cas, vive l’eau tiède, dit Arthur, comme celle de ce petit lac qui est à côté de nous.

Gustave et George se tournent de ce côté, et voient des milliers de canards prenant leurs ébats sur ce lac à quelque distance d’eux.

Après avoir tout examiné, ils reprennent la direction de la ville. Chemin faisant, ils rencontrent des dizaines de femmes entourant un seul homme qui s’efforce de plaire à chacune d’elles, autant que possible, en souriant à celle-ci ou à celle-là et en répondant à leurs questions.

— C’est vraiment surprenant, dit George ; c’est à qui, parmi elles, lui donnera le bras ; elles sont toutes gaies, et l’accord le plus parfait semble régner entre elles.

— Il faut croire, dit Gustave en souriant, que quand un homme a plusieurs femmes, il s’accorde et s’arrange mieux avec elles que lorsqu’il n’en a qu’une. Chez nous, en Canada ou ailleurs, où l’homme ne peut avoir qu’une femme à la fois, l’on entend parler souvent de chicanes et de batailles après un an ou deux de ménage, et quelquefois même avant.

— C’est vrai, dit George, et malheureusement ces cas sont trop fréquents ; cependant, je ne puis comprendre comment il se fait que les femmes ici ne montrent point de méfiance et de jalousie entre elles.

— Cet accord et cette amitié ne doivent exister qu’en apparence, dit Arthur ; leur religion ne me paraît pas sainte, et Dieu ne peut les approuver.

— Vous avez raison, dit Gustave d’un ton sérieux ; ces femmes sont aveugles dans leur croyance ; Dieu n’a pas voulu la pluralité des femmes dans le saint état du mariage. Elles ne peuvent connaître le lien sacré qui lie l’époux et l’épouse qui se sont unis parce que Dieu le voulait, et qui ont vu dans leur mariage