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— Non, pas adieu, mais au revoir, dit Gustave en leur faisant un signe de la main ; et il piqua son cheval pour rejoindre la caravane.

Tristes et pensifs, George et Arthur reprirent le chemin de la ville, bien décidés à faire tout en leur pouvoir pour suivre bientôt le même chemin.

Gustave rejoint la caravane au pied de la première montagne. En arrivant au sommet, une pensée le saisit et, tirant son pistolet, il en décharge tous les coups. L’écho de ces coups répétés attire l’attention de son père, qui lui demande en souriant :

— Pourquoi as-tu tiré ainsi ?

— Vous vous souvenez, mon père, que l’automne dernier, le capitaine fit tirer toutes les carabines des gens de la caravane en signe de la joie qu’ils éprouvaient d’entrer dans la nouvelle Jérusalem. Eh bien ! moi, j’en fais autant en signe de la joie que j’éprouve d’en sortir.

— Une bonne idée, dit M. Dumont, et si nos munitions n’étaient pas aussi rares, nous ferions de même.

Notre caravane faisait de rapides progrès ; le soir elle campait à la rivière de l’Ours (Bear River).

— C’est ici, se dit Gustave, que, voulant sauver Arthur, j’ai failli périr moi-même.

Un nuage de tristesse passe sur sa figure ; il voudrait avoir ses deux amis avec lui. Il entendait son père raconter cet événement et, voulant fuir les regards, il entra dans sa tente. Le lendemain, en passant au ravin où il avait si bien donné la consigne, il entendait les éclats de rire de son père et de ceux qui l’écoutaient raconter comment son fils s’y était pris pour pénétrer dans le camp des mormons.

À Devil’s Gate, il voit son père montrer l’endroit où notre héros avait accroché le câble, et comment les sauvages avaient fait la pirouette.

Toujours humble, il aurait voulu être invisible, et ce fut avec joie qu’il apprit la décision de son père de suivre la route de la rive sud de la rivière Platte.