Page:Thomas - Gustave ou Un héros Canadien, 1901.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
32
gustave

— Tu prétends donc que, par ce commandement, Dieu défend de faire aucune image ou ressemblance de quoi que ce soit ?

— Il nous faut l’admettre.

— Alors, pourquoi, toi qui me jettes la première pierre, transgresses-tu ce commandement ?

— Comment cela ? dit M. Dumont en pâlissant.

— Tu demandes comment ?… Mais regarde donc les gravures qui ornent ta demeure, les statues placées dans ton jardin ; toutes ces choses sont des images ou des ressemblances, et te voilà en contravention avec ce que tu viens de lire. Eh bien ! qu’as-tu à répondre ?

— Je… je… répondit M. Dumont en hésitant, je ne veux pas dire que Dieu a défendu la peinture ou la sculpture, mais il a voulu nous faire comprendre que nous ne devions pas rendre aux images un culte qui n’est dû qu’à lui seul. C’est un acte d’adoration que de s’agenouiller devant une image ; il n’y a que les païens et les idolâtres qui agissent ainsi, et, je le répète, l’Église romaine a supprimé ce commandement, afin de défendre et de confirmer le culte des images et des saints.

— Tu ne comprends donc pas la Bible que tu lis ? N’est-il pas aisé, pour tout homme intelligent, de comprendre que Dieu en ajoutant :  : Et tu ne les adoreras pas et tu ne les serviras pas, a voulu défendre la confection d’images et de statues pour les adorer. Or, le catholique n’adore que Dieu seul. Est-ce ton préjugé ou ton aveuglement qui t’empêche de voir la différence qui existe entre l’adoration que le catholique rend à Dieu et la vénération, remarque bien ce mot, qu’il rend au crucifix, aux images et aux statues des saints ? L’Anglais adore-t-il la reine, lorsqu’il s’agenouille devant elle pour lui présenter ses hommages ? L’enfant adore-t-il son père lorsque, agenouillé devant lui, il lui demande sa bénédiction ? Et toi, as-tu adoré le ministre, lorsque tu t’es age-