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gustave

Madame Dumont, intéressée à savoir ce que voulait dire cette « communion des saints, » demanda au vieillard :

— Veuillez donc, monsieur, m’expliquer cette croyance.

— Pour mieux vous répondre, madame, vous me permettrez une comparaison. Un gouverneur envoyé par un roi dans une de ses colonies, est un médiateur entre ce roi et la colonie, n’est-ce pas ?

— Oui, monsieur.

— Alors, comment s’y prend celui qui veut obtenir une faveur de ce gouverneur ? Va-t-il s’adresser immédiatement à lui, s’il veut bien réussir ? Non, il tâchera de se faire présenter à une personne d’un rang moins élevé, par conséquent, plus facile à approcher, et qu’il saura jouir d’un certain crédit auprès du gouverneur. Après lui avoir communiqué sa requête, il la priera d’user de son influence et de son crédit auprès du gouverneur pour lui faire agréer sa demande. Eh bien ! madame, le catholique agit ainsi ; avant de se présenter à Jésus-Christ, la sainteté infinie, nous prions les saints d’intercéder pour nous auprès de lui. Les saints, vous ne pouvez le nier, jouissent d’un plus grand crédit auprès de lui que nous et, en conséquence, obtiennent mieux que nous les faveurs que nous demandons.

— Je conçois que leur crédit est plus grand que le nôtre auprès de Dieu ; mais Jésus-Christ est tout-puissant et miséricordieux et, à mon point de vue, cette intercession des saints, ou plutôt les prières que nous pourrions leur adresser, me paraissent injurieuses à la toute-puissance de Jésus-Christ. Quand il intercède pour nous, qu’avons-nous besoin d’autres médiateurs ?

— Alors, madame, pourquoi priez-vous vous-même ? L’acte seul de votre prière ne semble-t-il pas supposer l’insuffisance de celle de Jésus-Christ ? Une question, s’il vous plaît : n’avez-vous jamais demandé à quelques personnes de prier pour vous ?