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gustave

premiers chrétiens se seraient certainement confessés aux prêtres d’alors ; c’est ce qu’ils n’ont pas fait, car la Bible et l’histoire n’en parlent pas ; elles démontrent, au contraire, qu’ils se confessaient publiquement, et toujours les uns aux autres.

— Il me fait peine de vous dire que vous faites preuve d’ignorance en parlant ainsi. Je vais tout de suite vous prouver le contraire : la Bible et l’histoire en font tellement mention, que l’Église d’Angleterre qui, au temps de la réforme, a conservé tout ce qui se pratiquait du temps des Apôtres et des cinq premiers siècles de l’Église, a retenu dans sa liturgie cette doctrine de la confession et de l’absolution des péchés par les prêtres. Je vous citerai un fait seulement, raconté par un dignitaire de cette Église, qui fut appelé au lit de mort de Leuthal. Voici ses paroles :

« Quand j’arrivai auprès de lui (Leuthal), il me dit qu’il avait une œuvre importante à remplir, et qu’il désirait que je l’aidasse à l’accomplir ; car il s’agissait de préparer son âme pour le ciel, et que ce qu’il désirait le plus, c’était les prières de l’Église et l’absolution. Je lui dis que j’étais prêt à prononcer l’absolution, mais qu’auparavant, il devait faire la confession de ses péchés et s’en repentir. Après qu’il se fut confessé et que j’eus prononcé l’absolution, il me dit : « J’éprouve bien maintenant la joie du plus grand bienfait que Dieu ait laissé à son Église. »

Eh bien ! messieurs, ajouta-t-il, cette preuve fournie par une église protestante, n’est-elle pas suffisante pour établir que les chrétiens des premiers siècles se confessaient privément aux prêtres d’alors ?

— Mais Leuthal et ce dignitaire ne connaissaient pas ce changement apporté à la liturgie de leur Église, répliqua M. Lewis : cette doctrine a été retranchée même avant la mort de cet homme.

— Quelle est la doctrine qui a été retranchée ? demanda M. Fairman.