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Estrangler, Strangulare, Angere.

Estranglé. Strangulatus.

Estranglement, Strangulatio.

Estrangleliepard, Aconitum, Pardalianches.

Estrangleloup, Aconitum, Lycoctonum, Luparia.

Estrapoire, f. penac. Est vn petit faucillon emmanché d’vn baston d’enutron deux pieds de long, seruant à estraper le chaulme qui demeure en la terre du seiage des bleds. Culmorum reliquiarum resectorium. Mot vsité en peu de contrées de ce Royaume.

Estraue, Est vne piece de bois du costé de la prouë de nauire, qui va de la quille à mont en courbant, comme laditte proué, dont le pareil qui est du costé de la pouppe s’appelle Estambor, voyez Estambor.

Donner Estre à quelque chose, Creare.

Se maintenir tousiours en mesme estre, Tenere statum suum.

Estre, Esse.

Estre à soy, c’est iouir de sa liberté, Sui iuris suaeque spontis esse. Les faulconniers en vsent, disans, vn faulcon estant a soy, pour vn faulcon qui vit aux champs de sa poursuitte, & n’est point nourry de main d’homme.

Estre en quelque lieu, In aliquo loco adesse.

Estre en quelque chose, Inesse.

Estre continuel, assidu & resident à l’estude, Assidere literis.

N’estre pas fort loing, Propius abesse.

N’estre point mal content, Pati facilè.

N’estre ou ne se trouuer point pour le temps aduenir, Defore.

Tu es, Es.

Il est, Est.

Il est bon pour cela, Valet in id, vel ad id.

Ie sçay que tu veux, c’est que ie m’en aille d’ici, Scio iam quid velis, nempe me hinc abire vis.

C’en est fait, Actum est.

Mon fils n’est point auec moy, Abest à me filius.

Ce n’est pas à nous à faire, Non est nostrum onus.

Il n’est plus entre les gens, E medio abiit.

Il n’est pas fort loing de moy, Abest non longè à me.

Simo est-il cyens ? d. il y est, Est Simo intus ? d. est.

Est-ce celuy, ou non ? Estne ipsius, an non est ?

Est-ce si grande chose ? Y a-il tant à faire ? Quanti est negotij ?

Est-ce si grand cas ? Quid tum postea ? quid deinde ?

Il fut iadis vne vieille de, &c. Fuit quodam anus Corinthia hîc, &c.

Apres qu’il fut là plusieurs iours, Vbi illic dies est complures & caet.

Fust que aucun racontast, &c. Siue quis Antilochum narrabat ab Hectore victum.

Estrecir, Angustare, Coagustare, Arctare, Coarctare, Cotrahere.

Vne estrecisson fort menue, Angusta subtilitas, Contractio.

Estreindre, Arcere, Arctare, Stringere, Astringere, Constringere. Interstringere, Contendere, Perligare.

Estreindre & reserrer le ventre, Aluum sistere vel supprimere.

Estreint & serré, Arctus, Astrictus.

Estreignement, Compressus huius compressus.

Estrenes, f. penac. Et en pluriel, Sont le present que les subiects faisoient anciennement à leurs seigneurs le premier iour de l’an neuf, qui est de Ianuier, en signe de deuotion, & que tout leur prosperast celle année. Strena. Duquel mot Latin il vient. Sueton. in Octauio cap. 57. & Calig. cap. 42. Et depuis grands & petits le donnent & reçoiuent audit iour promiscuement, pour laquelle cause le premier iour de Ianuier est appelé le iour des Estrenes. Festus rend l’etymologie du mot par les nombres, comme si celuy qui donnoit anciennement les Estrenes, eust dit mystiquement à celuy qui les receuoit vne deuxiesme voire troisiesme année, ou vn deuxiesme & troisiesme iour te succederont de pareil profit. Car & le nombre ternaire est mystique, & le iour des Estrenes est iour de feste & religieux, & les Estrenes estoient de grand prix. Nonius Marcellus l’etymologise à strenuitate. Qui signifie valeur & proüesse : Ce qui est pour reuenir à l’vsage de premier. Car les subiects & inferieurs les presentoient à leurs seigneurs, comme personnes valeureuses & protecteurs d’eux. Au temps des Druides les Estrenes de saincteté estoit le guy du chesne. Encores dit-on en aucuns lieux du païs où ils residoient, Le guy l’an neuf, mots corrompus par ceux qui n’en sçauent l’origine, en vn seul qu’ils prononcent l’Anguillanneuf. L’Espagnol dit Estrenas. au pluriel.

Bonn’estrenes vous doint Dieu, est la priere & benediction qu’on se donne respectiuement au premier rencontre le premier iour de l’an, Foelix faustúsque tibi sit annus. Ce qu’on dit aussi bon an bonne Estrene, & an contraire, male estrene te doint Dieu, Dirae imprecationis genus, Res tibi malè vertant, In annum aduersa fortuna vtitor.

A bon iour bonne Estrenne, est vne maniere de parler prouerbiale pour dire, à iour sainct bon succez, quand en iour de feste & celebre nous aduient quelque bonne chose, Fausto ac religioso die, foelix euentus. La raison de cette phrase est de ce que comme dit Festus Strena datur religioso die boni ominis gratia. On en vse par ironie quand en vn


iour solennel est commis quelque vilain cas, comme, Si quelqu’vn auoit commis larcin le iour de Pasques, ou tel autre, on diroit, A bon iour bone Estrene, comme on dit pareillement par ironie, A bon iour boune oeuure. Auspicato die facinus egregium edidit scilicèt, & quo die maximè eum pietati non opera dare nefas fuit, flagitiu admisit.

Va en male Estrene, Dira imprecatio, Abi in malam rem. B. ex Ter. malè pereas, Infoeliciter agas.

Estrener, acut. Est donner les estrenes, Ie vous estreneray, Strena te prosequar. L’Espagnol dit aussi Estrenar, Mais on en vse communéement à sens contraire, pour chastier & batre, comme, Ie vous estreneray d’vne poignée de verges, ou d’vn souflet, Virgis te aut colapho, strenae vice, afficiam, caedam.

Estribord, voyez Bord bas.

Estrier, Subex ephippiarius. B. m. acut. Estriers, Fulcra pedum equestria, Subices pedanei. Bud. 2. Philologiae.

Estrif, m. acut. Signifie altercation, noise, querele, debat, Contentio. Est prins par metaphore, De ce que les cheualiers combatans l’vn contre l’autre, aduantagent & affermissent les pieds dans les estriers, pour estre plus roides à cheual, & plus malaisez à abbatre, & de là vient aussi qu’on dit Estriuer contre aucun, pour debatre forment à luy. Contendere, Resistere.

Prendre estrif & debat à l’encontre d’aucun Trahere aliquem in disceptationem.

Venir en estvif, Descendere in causam.

Estriller cheuaux, Equos stringere.

Vne estrille à estuue, de laquelle anciennement on se frottoit & abbatoit on les ordures du corps és estuues, Strigilis. Aucuns dient que c’est aussi vne estrille à cheuaux.

Estriuer, act. acut. Proprement est mettre le pied dans l’estrier. Subicibus ephippiariis pedes indere. Comme, Il estriue trop, &, ;Il n’estriue pas assez, c. Il met trop auant ou trop peu les pieds dans les estriers. Et pour estre l’estrier le soustenement de la force du cheualier estant à cheual, & combattant, on en vse par metaphore pour debatre forment à quelqu’vn, & alterquer contre aucun, voyez Estrif. Exhibere argutias alteri, Certare, Contendere.

Faire estriuer quelqu’vn, Trahere aliquem in disputationem.

Estriuiere, Cremaster ephippiarius. B.

Les estriuieres, Cremasteres ephippiarij. B.

Estroict, Il vient de Strictus, Angustus, Contractus.

Vn estroict lieu, ou destroict, Angustia.

Estroicte espace, Spatium iniquum.

Theatre plus estroict d’vn bout que de l’autre, Cuneatum theatrum.

Plus estroict par le bas, Ad imum cuneatior.

Mettre à l’estroict, Rem adducere in angustum, Cogere.

Qu’il tint Pompée fort à l’estroict, Vt angustissimè Pompeium contineret.

Estroict, ou Destroict de mer, que aucuns appellent Stretto, est en Latin Fretum, en Grec Est autem strictum seu angustia maris. Aucuns l’appellent Corrente. Tels passages sont communéement dangereux, à cause de l’impetuosité & debat de la mer qui se sent contrainte, & ne se peut estendre à son aise. Ainsi ce que les Latins appellent Fretum Gaditanum. Nous disons vulgairement, l’estroict ou le Destroict de Gibaltar. Les autres prononcent Gibraltar, Antea Gibel lingua Arabica dicebatur : quae dictio sonat montem.

L’estroict ou destroict de Constantinoble, Bosphorus, Thracius.

L’estroict ou destroict de Callipoli, Hellespontus. On l’appelle aussi le Castelle, à cause de deux chasteaux qui y sont, où iadis souloient estre les deux villes, Sestus & Abydus. Les François l’appellent Le bras sainct George.

Toute chose estroicte & aguë par le fond, & large par haut, Turbo.

Estroictement, Angustè, Arctè, Astrictè, Districtè, Parcè, Restrictè, Seuerè, Seueriter.

Qui garde estroictement la loy, Seuerus custos legis.

Estronc. Il vient de Stercus.

Vn estronc de chien, Stercus caninum. Iuuenalis.

Estropiat, id est, Affolé, Mutilus. Mot Italien, S profertur vt in noster.

Estrousser, Est composé de Es, & Trousser, qui vaut à dire empaqueter, de la mesme composition que Esbransler, Esraciner : ainsi estrousser est desempacqueter, deslier ce qui est enfagoté. Se prend aussi pour vendre & deliurer au dernier encherisseur les biens prins par execution. Et estrousse, la vente & deliurance d’iceux, parce que le sergent qui enleue des meubles par luy prins par execution, les entrousse & enfagote, & les vendant en inuentaire, par luy ou par le iuge, les destrousse & desempaquete. Ce mot est vsité au coustumier du Duché de Bourbonnois. Voyez Destrousser.

Estudier, Studere, Literas attingere, Literis deseruire, Literis operam dare.

Fort & ferme estudier, Ad vel in studia incumbere.

Estudier à bien parler, Dictioni operam dare.

Estudier à vertu, Operam virtuti dare.

Estudier en droict ciuil, Operam dare iuris ciuilis studio.

Estudier sous quelqu’vn, Operam doctori dare.

Estudier tellement quellement, Attingere leuiter studia.