Page:Thresor de la langue francoyse - 1606 - 1 - Nicot.djvu/361

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
350 IO IO

dicta. Et ores la bataille mesmes. Ainsi dit-on auoir iournée contre l'ennemi, auoir bataille à luy. Au troisiesme liure d'Amadis, chapitre sixiesme : Or auoit-elle ouy parler de la grande beauté & proüesse de celuy qui portoit l'armet doré, mesmes comme en cette derniere iournée où il s'estoit trouué contre le Roy Aramgne, il auoit fait les plus grandes actes de cheualier, que pourroit faire autre cheualier, c'est à dire, en cette derniere bataille. Et, La iournée a esté pour nous, c'est, nous auons gaigné la bataille, Vicimus. Et, Liurer iournée à l'ennemi, c'est luy liurer bataille, Pugnam hosti inferre. Et, Perdre la iournée, c'est perdre la bataille, Pugna cadere. Et, La iournée de Bouynes, de Montlehery, de Rauenne, de sainct Laurens, & des Esperons, (combien que ce ne fut que rencontre) & semblables locutions, c'est la bataille où les esperons furent chaussez aux François, la bataille aduenuë au lieu & pont de Bouynes, De Montlehery, De Rauenne, & le iour de la sainct Laurens. Le tout prins & emprunté de la coustume ancienne & desusitée presques depuis le regne du Roy Charles cinquiesme, que de deux costez estoit demandé, prins, & assigné iour & lieu, pour combatre en bataille rengée : ce qui estoit ainsi fait, parce que sans surprinse les deux parties guerrieres remettoient la decision de leur different à Dieu, tout ainsi qu'és combats particuliers en camp clos, la meslée de deux combatans auec armes preueuës & pareilles, estoit vsitée pour de leur different auoir le iugement de Dieu, lequel ils estimoient estre pour celuy qui demeuroit maistre du camp & victorieux de son aduersaire. Selon laquelle coustume, pour le mesme disoit-on, bataille assignée, c'est à dire, iour assigné pour combatre en bataille rengée, Dies pugnæ constitutus.

La iournée des Esperons est plustost rencontre que bataille. Nicole Gilles en la vie du Roy Louis xii. Les Anglois assiegerent Therouene, & ioüerent vn merueilleux ieu aux François. Car vn iour vne petite compagnie d'Anglois se mit aux champs, apres lesquels se mirent aucuns François, & en trop petit nombre, toutesfois il y en auoit des plus hardis de l'armée du Roy, & voyant que par fuyte auoiet perdu la veuë des Anglois, se mirent au repos sur les champs, où incontinent furent surprins & trouuez en desordre par les Anglois, lesquels prindrent plusieurs François prisonniers, sçauoir est ceux qui ne se tournerent en fuite, & le surplus se sauua à la fuite, dont ils furent desprisez. Et pour cette fuite on appela cette rencontre la iournée des Esperons, voyez Rencontre.

Vne iournée & demie d'vn ouurier, C'est la besoigne, le trauail & labour d'vn iour & demi d'aucun ouurier, Sesquiopera.

Iournées entieres, & ordinaires, Iusta iustorum.

Aller iournées entieres, Iusta itinera facere.

Il y a de l'vn à l'autre vne iournée, Dirimuntur oppida vnius diei itinere.

Il est à deux iournées loing de luy, Bidui spatio abest ab eo.

Ils estoient loing du camp de deux iournées. Bidui castra aberant.

A plus grandes iournées que i'ay peu, Quàm potui maximis itineribus.

Il y a huit iournées, &c. Octo dierum itinere distat regio thurifera à monte excelso.

Ie te donne cette iournée, Dedo tibi hunc diem.

Besoigne faicte à la iournée, Opus per operas effectum. B.

On ne sçauroit faire iournée entiere & la tasche quand la terre est endurcie, Iusta fieri nequeunt quum induruit ager.

Il va, ou il tire à grandes iournées, Magnis itineribus contendit. Liu. lib. 22. Proficiscitur.

Veu qu'il n'y a iournée que tu ne faces deux cens vers, Quum facias versus nulla non luce ducentos.

Passer vne iournée en toute ioye, Hilarem diem sumere.

Ie passay petit à petit cette iournée en buuetant, Cyathos sorbillans paulatim hunc produxi diem.

Ie passay là cette iournée, Eum diem illic consumpsi.

Delibere toy de rendre les iournées desquelles tu es en reste enuers mes muses & estudes, Tu musis nostris para vt operas reddas.

Iournellement, Quotidie.

Iournal

Iournal, m. acut. Est ce qui est du iour, Diurnum quod diei vnius operâ efficitur. Et selon ce le Languedoc dit Iournal, ou Iournau pour vne iournée d'homme des champs, & mesure le contenu des vignes, terres, & prez par Iournaux, tout ainsi que faisoient les Romains par Iugera. Et d'ici dépend la signification du terme Iournalier, qui se prend pour celuy qui n'a pas vne continuelle disposition, ains à chacun iour la varie. Et de là vient que Iournal, qu'on dit aussi papier iournal, se prend pour le liure du marchand ou banquier, auquel il enregistre par chacun iour sa negotiation en recepte & mise, vente & achapt. Le Grec luy donne vn nom plus signifiant, l'appelant {{grec}}, Duquel mot Iuuenal s'est serui. l'Italien dit conforméement au François, Giornale, Qu'il appelle aussi Bastardello, Comme dit Filippo Venuti. Mais c'est autant hors de la raison du mot Iournal, comme Aduersaria en Latin. Mais Diarium. ou (comme dit Sueton. In Augusto) diurnus commentarius. La representent à plein. Le prendre pour Kalendarium, Il ne se peut : Car c'estoit le registre de chacun mois, où ceux qui bailloient deniers à profit & interest payable à chacun premier iour du mois (que les Romains appeloient Kalendæ.) enregistroient les noms des debteurs d'iceux interests, & les sommes & sorts princip aux à quoy ils estoient tenus, & mesmes aussi à quelle raison couroient lesdits profits.

Iournalier, Vn homme iournalier, Homo varius.

Labeur iournalier, peine iournaliere, qu'on reçoit tous les iours, Labor quotidianus.

Ioustes

Ioustes, à lances courtoises, Decusus. Iouste est aussi prins pour bataille & combat à outrance, comme au premier liure d'Amadis, Mais ainsi qu'ils s'estoignoient pour la iouste, suruint vne Damoiselle qui leur dit, Seigneurs souffrez vn peu, & me dittes deuant que combatre vne chose, si la sçauez, pour laquelle ie suis si hastée, que n'ay le loisir d'attendre la fin de vostre bataille. Semble que iouster & ioustes viennent de ce mot Iuxta : quia concertantes iuxta inuicem accedere & collidi oportet, voyez Tourner en Tournoyer.

Le lieu où on ioustoit auec trois cheuaux attelez à vn harnois à costé l'vn de l'autre, Trigarium trigarij.

Iouster, Courir auec lances courtoises l'vn contre l'autre, soit ens ou hors lice, il se trouue aussi és anciens Romans pour combatre à fer esmoulu & à outrance, Hostiliter lanceis concurrere. Combatre : ainsi dit-on, faire iouster les coqs, Gallos in pugnam mittere.

Iouuence

Iouuence, Iuuenta.

Iouuenceau ou Iouuencel, Iuuencus, de homine intelligitur.

Ioyaux

Ioyaux, Mundus, muliebris, Voyez Ioye.

Ioyaulier, vendeur de Ioyaux, voyez Ioye. Gemmarius.

Ioye

Ioye, f. penac. Signifie tantost liesse & esgayement d'esprit, Lætitia, Gaudium. Tantost vne chose precieuse, rare, & de grand prix, soit pierre precieuse, perle, bague, carquan, pendant, ou autre tel affiquet de prix, composé d'vne ou de plusieurs pieces rares. Selon ce on dit, Ioyau pour le mesme, & Ioyaux au pluriel, & enioyallier vne femme, pour l'emmeubler de tels ioyaux, & Ioyallier m. acut. Le marchand faisant trafficque de Ioyaux, Gemmarius. Ou enchasseur de pierres precieuses en anneaux ou ioyaux, Compositor gemmarum, Come Pline l'appelle au ch. 5. du liu. 37.

Vne ioye fort grande & excessiue, Hilaritas profusa, Lætitia effusa.

Que signifie cette ioye ? Que veut dire cette ioye ? Quid istuc gaudij est ?

Ioye trop grande & excessiue, Luxuriosa lætitia.

Annoncer à quelqu'vn quelque soudaine ioye, dequoy il ne se doubtoit point, Obiicere lætitiam alicui.

Ie ne sçay où ie suis de grande ioye que iay, Præ gaudio vbi sim nescio.

Il ne pouuoit celer sa ioye, Tacitum continere gaudium non poterat.

Combler vne ioye, Cumulare gaudium.

Estre comblé de ioye, Cumulari gaudio.

Donner ioye & liesse, Gaudium & lætitiam agitare, Lætitiam ferre, Dare lætitiam.

Dieu t'en enuoye ioye, Fœliciter istam rem tibi venire cupio.

Dieu nous en doint ioye, Dij immortales approbent. B.

Dieu t'en doint froide ioye, Que froide ioye t'en enuoye Dieu, Quæ quidé res tibi vertat malè. B. ex Terent.

Estre en ioye, Lætitia affici.

Fondre en ioye, Alacritate futili deliquescere.

Mettre en ioye, Hilaritatem afferre, in lætitiam coniicere.

Monstrer par ses yeux vne ioye qu'on a, Gaudium proferre.

Nous auons tous monstré grand signe de ioye, Læditiam apertissimè tulimus omnes.

Receuoir ioye, Gaudium accipere.

Remplir de ioye, Gaudio delibutum reddere.

Rempli de ioye, Gaudio delibutus,

Saulter de ioye, Exultare.

En saultant de ioye, Exultanter.

Cette si grande ioye m'est suruenuë, Tanta hæc lætitia oborta est mihi.

Tenir sa ioye enclose sans la monstrer, Gaudere in sinu.

Tourner vne ioye en tristesse, Mutare gaudium mœrore.

Chose qui attire & incite à ioye, Lætabilis.

Vn escri portant signification de ioye à la mode rustique, Iubilum iubili.

Auec ioye, Cum lætitia, Lætè.

Fille de ioye, Meretrix, Prostibulum.

Ioyeux, Lætus, Hilaris.

Choses ioyeuses, Res optabiles.

Fort ioyeux, Perlætus.

Vn peu ioyeux, Hilarulus.

Estre ioyeux, Gaudere, Lætari.

Estre ioyeux tout le temps de sa vie, Iucunditatem perpetuam vitæ tenere.

Estre ioyeux outre mesure, Efferre se lætitia.

Quand on est ioyeux outre mesure, Effusio animi.

Tu m'as fait bien ioyeux, Beasti me. B.

I'en suis si ioyeux que plus ne puis, Triumpho. B. ex Terent.

Dieu t'en face ioyeux, Id quidem Dii approbent. B. ex Cic.

Ie suis ioyeux de ce que tu dis, Bene ædepol narras.

Ie suis ioyeux qu'elle se porte bien, Bene hercle est illam tibi bene valere & viuere.

Ie suis ioyeux, cela demandoy-ie, Hem, istuc volueram.

Ie suis ioyeux de ces nouuelles, Bene hercle denuntias.