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Le plus grand aage qu’on peut vivre, Summa ætas.

Aage tournée à oisiveté, Ætas deflexa ad otium.

Aage en laquelle on grille et tombe-on facilement en faute, Lubrica ætas.

L’aage s’en va et se passe legerement, Volat ætas, Proripit se ac fugit ætas.

J’ay aimé cependant que l’aage s’y addonnoit, ou que l’aage le portoit, Dum ætas tulit, amaui.

Aage idoine à faire quelque chose, Apta atque idonea ætas, ad rem aliquam administrandam

Tout aage n’est pas convenable à se joüer, Non omnis ætas ludo conuenit.

Aage mariable, Ætas nubilis. Ætas iusta nuptiis contrahendis.

Aage à laquelle aisément on peut faire desplaisir, Ætas iniuriæ opportuna.

L’aage de la fille n’endure point que je soy negligent, Non manet ætas virginis meam negligentiam.

Chacun selon son aage dit son opinion, Vt quisque ætate antecellit, ita sententiam ordini dicit.

Employer son temps et son aage à l’estude, Ætatem appellere ad studia literarum, Ætatem consumere in studiis, Insenescere studiis : Ætatem impendere studiis, Conterere ætatem in studiis, Traducere ætatem in studiis literarum.

Passer son aage, Exigere ætatem, Exercere ætatem. Æuum traducere. Horat. lib. 1. Epist.

Passer son aage sans se mesler des affaires publiques, Ætatem procul a republ. agere. AEtatem procul a curis publicis exigere.

L’aage que j’ay par cy devant vescu, Superior ætas, anteacta ætas.

En cest aage, Hoc ætatis.

Jusques à cest aage cy, Ad hoc æui.

Nous sommes de cest aage là, Id ætatis iam sumus.

Il n’est plus en aage d’estre sous un maistre, Excessit illi ætas ex magisterio.

L’aage l’a surprins, Il est ja vieil, Ætas illum imprudentem oppressit.

Un aage vient apres l’autre, Ætas succedit ætati.

Femme de bonne aage, Bona ætate fœmina.

Grand aage, Grandæuitas, Grandis ætas.

Homme de grand aage, Senior.

Il a de l’aage, ou, il est aagé, Processit ætate, Annosus est.

Aage auquel on ne peut plus travailler, Ætas emerita, effœta ætas.

Le dernier aage où l’homme peut parvenir, Summa ætas, Decrepita ætas, Ætas effœta, extrema ætas.

En son dernier aage, Supremis suis annis, Vltima ætate.

Aage declinant sur la fin, Ætas deuexa, vergens, victa, veternosa,

Aage qui de iour en iour s’appesantit, Ætas ingrauescens.

Aage qui vient en enfance, Repuerascens ætas.

Aage passé, Acta ætas, Exacta,

Apres l’aage passé, Exacta ætate.

Qui est hors d’aage, Exactæ ætatis vir, Emerita ætate.

Tu estois hors d’aage de prendre femme, Tua præterierat iam ad ducendum ætas, Nubilem ætatem excesseras.

Quel aage t’est-il advis que i’aye ? Quid tibi ego ætatis videor ? Plaut.

Qui est sur le bas de son aage, Decliuis ætate, Prouectus ætate, vel Prouecta ætate homo.

Qui est de long aage, Longæuus, Diuturnæ ætatis.

Aagé, m. acut. adjectif. Signifie de grand aage, Grandæuus, senior. comme, Il est bien aagé, Iam multum diuque vixit. Multos iam annos natus est, Et est un terme general à prefinir tout aage d’homme ou de beste, comme, Il est aagé de dix, vingt, trente, quarante ans. Natus est annos decem, viginti, triginta, quadraginta : Il signifie aussi celuy qui a atteint, ou est reputé avoir atteint l’aage prefini par le droict ou par la coustume pour valablement gerer, exercer et administrer ses affaires, Ætate legitima præditus. Selon ce on dit que tout homme noble tenant fief, est reputé aagé à l’aage de vingt ans, et la femme à quinze accomplis, quant à la foy et hommage et administration de fief, Legitimæ ætatis homo, feminaque ad eas res suapte autoritate gerendas.

Fort aagé, Qui est de grand aage, Grauis ætate, vel annis, Grandis, vel Magno natu, Obsitus æuo, Plenus annis, Grandæuus, Prouecta ætate homo, Annosus admodum, valdeque annosus, voyez, Fort.

Non pas fort aagé, Non admodum grandis natu.

Estre plus aagé qu’un autre, Præcurrere aliquem ætate, AEtate anteire, Antecedere ætate, Addita ætate esse.

Ie suis le plus aagé, Sum natu maximus inter plures, vel natu maior inter duos.

Aagée, f. adjectif. penac. Est usurpé és mesmes significations que Aagé, masculin adjectif.

Abacvc, m. acut. La mer d’Abacuc, ou d’Abacuth. voyez Bachu. Latinis mare Caspium et Hyrcanum. Aucuns l’appellent Mare de Sela.



Abaisser, cerchez Abbaisser.

Abanat, m. acut. Est le nom d’une riviere qui court pres la ville de Damas.

Abbaisser, acut. Ores est actif, et signifie mettre quelque chose à bas, ou au bas, Demittere, deducere ad imum, deprimere, deiicere, Et est composé de a et bas, qui vient du Grec basis, comme qui diroit ad basim deprimere. Tu m’as abbaissé ma renommée, Bonum nomen meum deiecisti. Ores est neutre, comme, La riviere abbaisse, Flumen subsidet, summittitur ; Ores reciproque son action, comme Je m’abbaisseray moy-mesmes, Memet deprimam, demittam. Mais telles reciprocations ou reflexions d’action, sont pures actions, et ne font une nouvelle espece de verbe à divis de l’actif. Rabbaisser signifie le mesmes : car on peut dire, Je vous abbaisseray bien vostre cacquet, tout ainsi qu’on fait, Je vous rabbaisseray bien le cacquet. voyez Rabbaisser.

Abbaisser un lieu, Deprimere locum.

Abbaisser une chose en la desprisant, Verbis rem aliquam deprimere.

Abbaisser la majesté ou dignité du Prince, Deprimere Principis majestatem, Dignitatem deminuere, Deterere.

S’abbaisser à penser choses viles, Cogitationem in res humiles abjicere.

S’abbaisser jusques à la bassesse d’un criminel, Submittere se in humilitatem reorum.

Qui s’abbaisse devant Dieu, ou mesme devant les hommes pour les prier, Supplex, Proiectus.

Abbaisser le prix des vivres, Leuare annonam.

Qui va en abbaissant et en empirant, Deflorescens, Flaccescens.

Abbaissé, m. Deiectus, Demissus, Depressus.

Abbaissée, f. penac. Depressa, Deiecta.

Abbaisseur, m. Infractor, Depressor.

Abbaissement, m. acut. Submissio Deiectio, Demissio.

Abbaissement de courage, Animi demissio.

Abbaissement de son estat, Capitis diminutio.

Abbandon, m. acut. delaissement de son pouvoir, comme, Mettre sa forest en abbandon, c’est ne la tenir en defense, et la livrer à quiconque y voudra mener paistre son bestail, ou bucheronner, Cæduam syluam pro derelicto habere.

Elle a mis son corps en abbandon, Corpus suum cuique vtendum prostituit. Se pudicitia abdicauit, Il est composé de a, et bandon, voyez Bandon.

Abbandonner, act. acut. Est un verbe faict de Abbandon, et signifie mettre à bandon, c’est à dire, au plaisir et liberté d’un chascun pour en faire ce qu’il voudra, Cuiusuis arbitrio ac libidini permittere. Rem pro derelicta emittere. Ainsi dit-on, Il a abbandonné ses pastis, ses prez, Pascua seu prata depascenda cuique permisit. Et se prend pour delaisser : d’autant que celuy qui met ou quitte une chose à qui premier en voudra, il la laisse et s’en desempare et devest. Et par reciprocation dudit verbe actif, qui se fait par le pronom soy, ou se, signifie se rendre captif et esclave à quelque chose vitieuse, comme, s’abbandonner à plaisirs, Se voluptatibus dare, addicere, honesta se ingenuitate exuere, vt voluptatum seruus fiat. S’abbandonner à paillardise, Veneri sese dedere, eiusque sæuæ dominæ mancipium fieri. Selon laquelle signification, respondit un Poëte Grec, hôspér élsuthérôthéis apo tês agrias déspoinas, à celuy qui luy avoit demandé, pôs ékhéis apo tês Aphroditês, Ou non vitieuse, comme, S’abbandonner à pleurs, à dueil, Totum sese lacrymis dolorique permittere, Nullatenus non gemitibus ac lamentationi inseruire. S’abbandonner à ieux, Lusibus incumbere.

S’abbandonner au danger d’estre outragé, Offerre se contumeliæ.

Abbandonner sa liberté, et se rendre serf, Projicere libertatem suam alicuius potentiæ.

Abbandonner ses œufs, Incubationem deserere.

Abbandonner femme et enfans, Deserere vxorem ac liberos, Pignora sua pro derelictis habere. B.

Qui m’ont abbandonné quand il estoit question de ma vie et honneur, Desertores salutis meæ.

Les medecins l’ont abbandonné, si malade il est, Omnes medici diffidunt, adeo grauiter æger est.

Celuy qui abbandonne la vie d’aucun au premier qui le pourra tuer, Proscriptor. Mais cela ne se peut dire, Si n’est de celuy qui est Souverain Seigneur de celuy dont la vie est abbandonnée à qui tollir la luy pourra : car abbandon presuppose tousjours Seigneurie et puissance, voire aussi droict de correction capitale par haute justice en la personne de celuy qui abbandonne sur la personne abbandonnée, Aussi telles proscriptions ne se font, si n’est par Princes souverains, ou Republiques tenans de Dieu et de l’espée, et sont impunissables, horsmis de Dieu Souverain des Souverains. Mais si quelqu’un suscite des assassins et meurtriers d’autruy, cela ne se peut dire abbandonnement de la vie de celuy-la, ne proscription. Car tel abbandonneur n’a nul droict de seigneurie ne correction capitale par Justice sur l’abbandonné, ains sera appelé subornation et attitrement d’assassins et meurtriers, et sera capitalement puni par son souverain, et plus que capitalement par Dieu.