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Page:Tiercelin - Bretons de lettres, 1905.djvu/220

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BRETONS DE LETTRES

courage et de la volonté. Moi, j’ai vécu à Paris dans ma jeunesse en traduisant de l’anglais. On me coupait les vivres ou, du moins, on ne me donnait qu’une pension insuffisante. On avait tort parce qu’on m’exposait à des privations ou à des travaux qui me faisaient perdre un temps que j’aurais pu mieux employer. Les parents sont faits ainsi ; ils ne voient qu’une position arrêtée et bien définie : ils croient que leurs enfants sont perdus, quand ils n’entrent pas dans un ordre hiérarchique quelconque.

« Laissez passer les événements, ne contrariez pas trop vos parents, qui ont naturellement droit à tous les égards. Faites-leur quelques concessions ; vous reprendrez votre liberté, un jour. Le feu sacré ne s’éteint pas. Dussiez-vous être clerc d’avoué, je mets les choses au pire, vivez en bonne intelligence avec votre famille jusqu’à l’heure où vous reprendrez votre essor.

Croyez que je ferai tout ce qui dépendra de moi pour vous voir revenir à Paris, où je ne doute pas que vous ayez du succès, lorsque la première fougue de votre talent se sera un peu régularisée. Évitez la société des Parnassiens. Habituez-vous à considérer la vie littéraire comme une vie aussi sérieuse qu’une