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Page:Tiercelin - Bretons de lettres, 1905.djvu/280

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Allons, seigneur, allons, malgré vos mains si blanches,
Prenez un des fléaux pendus là dans les branches.
De sueur, comme nous, venez mouiller le grain,
Pour y songer, ce soir, en mangeant votre pain. »
J’obéis, et mes coups cadencés avec règle
Des épis bondissants firent jaillir le seigle ;
Puis, m’éloignant : « Ce soir, regardez ma maison ;
Pour ranimer vos cœurs, je fais une chanson.
Ma lampe vous dira quelle peine réclame
Mon pain mystérieux, mon pain qui nourrit l’âme.

Le repas du soir, il le prenait chez Rodallec. Il y avait encore à l’auberge, en 1895, — elle vient de mourir, à l’âge de quatre-vingts ans — une vieille cuisinière, Annaïk[1], qui était au service du maître d’hôtel d’alors, entrée dans sa maison à l’âge de dix-neuf ans. Elle a bien connu Brizeux, la brave Annaïk, et se rappelle les friandises qu’il préférait à son souper : des crêpes au lait, des flans d’œufs, des laitages. Annaïk était une bonne cuisinière et Brizeux trouvait, le soir, à l’auberge, un repas copieux et bien préparé que ses promenades du jour et la maigre chère du dîner de midi lui faisaient trouver meilleur encore. Les convives habituels étaient l’instituteur Le Bec et Bleiz le gendarme, tous deux pensionnaires de Charles Rodallec, et Jakez et Berthel.

  1. C’est cette Anna Huel, transformée par MmeShaw en Maric’h Hannat et en Maric.