Page:Tinayre - Avant l amour.pdf/118

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
105
avant l’amour

— La petite Marianne, vraiment… Et bien changée. J’ai quitté une gamine noiraude et grognon ; je revois une femme. Où as-tu pris ces yeux-là ? Tu avais les yeux noirs, il me semble.

— Non, bleu foncé…

— Je ne les avais jamais regardés… Et ce teint, et cette chevelure ! Te voilà bonne à marier.

Je ne répondis pas. Il s’assit sous le poirier, sans cesser de me regarder. Je le reconnaissais à mon tour, malgré la barbe qui modifiait l’expression de son visage. Sa taille s’était élargie et achevée, et, dans ce type brun, pâle et puissant, je retrouvais un vague reflet de la beauté blonde de sa mère. Les cheveux frisés, très courts, découvraient un front têtu, aux saillantes arcades sur les yeux pas très grands, nuancés comme des agates changeantes. Le nez, droit, manquait de finesse, et la forte ossature des mâchoires révélait une énergie toute proche de la brutalité. Certes, Maxime n’avait point cette grâce physique qui fait dire aux femmes