Page:Tinayre - Avant l amour.pdf/146

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
133
avant l’amour

Suzanne ont trente mille francs chacune. Pourquoi ne les épouse-t-on pas ?

— Parce que, dit Maxime en riant, une demoiselle de trente mille francs exige un mari de quarante mille ; un monsieur de quarante mille francs veut une fiancée de cent mille. Ceux qui n’ont rien souhaitent dans le mariage une assurance à vie contre la misère. Nul ne veut courir aucun risque.

— Mais les femmes qui travaillent ?

— Les institutrices, les employées, les ouvrières ? En as-tu rencontré dans les salons où tu vas ? Pas chic, la femme qui travaille. Son salaire est médiocre, son travail incertain. Quant aux femmes artistes, les snobs les réservent pour y recruter d’amusantes maîtresses. Va, Marianne, tu ne te marieras jamais dans ton monde. Ce sont les pauvres diables qui épousent les filles sans le sou.

— Mais j’épouserais un pauvre diable, si je l’aimais.

— Et où le rencontreras-tu, ce pauvre diable ? Les amis de ma mère sont bien posés