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avant l’amour

— Non, pas méchante… non… mais tu es trois fois femme, toi. Comment ai-je pu me laisser prendre ainsi ?

— Je n’ai rien fait pour cela…

— Tu as aguiché Montauzat… Ah ! Marianne, je t’ai haïe. Si tu savais…

Je lui pressai doucement la main…

— Pardon, Maxime.

Il semblait agité par des sentiments contraires. Je voulus le calmer.

— Mon amitié…

— Oh ! dit-il, l’amour déteste l’amitié… Toi, Marianne, mon amie, à dix-neuf ans, avec ces yeux-là !

Il retira sa main :

— Quelle folie. Tu vas bien rire… Car si tendre, si intelligente, si délicate que soit une femme, elle n’est jamais généreuse tout à fait… Je vais devenir le pantin dont tu tiendras les ficelles… Oh ! dire que le repos de mes nuits, le calme de mes jours, mon talent, ma vie seront dans les mains d’une petite fille…

— Tu parles comme si je te détestais.