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avant l’amour

chistes, envoyé à « la Nouvelle » ou à l’échafaud. « Nous avons les mêmes intérêts et les mêmes haines. Il me reprochait les préjugés imposés par l’éducation. Il verra comment mon esprit s’en est affranchi. Ah ! si Maxime est sincère, quelle belle tâche nous ferions à nous deux ! Je jetterais avec joie, derrière nous, tout le fatras de fausses croyances et de fausses pudeurs dont la loi du monde m’affuble encore. »

L’absence poétisa Maxime. Je souhaitai le revoir. Le printemps naissait, ardent et précoce, et, comme la sève aux marronniers, le désir de l’amour me remontait à l’âme. Le soleil de mars qui rend fou, dit le proverbe, me baisa et me brûla de ses rayons. L’azur frais, les bourgeons neufs, l’air flottant la dernière neige, tout me fut douceur et délice. Autour de moi soufflait un vent d’hyménée. Mes compagnes, l’une après l’autre, revêtaient la robe nuptiale et le voile blanc. Je les accompagnais à l’autel, quêteuse vêtue de bleu ou de rose, admirée, fêtée, souriante, avec une nostalgie