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avant l’amour

fille de Jephté. L’aube me trouvait blême et défaillante, sans forces pour le jour.

Maxime revint.

Par un jour bleu d’avril, dans le salon parfumé des premiers lilas, je me trouvai seule, enfin, avec celui en qui je mettais mes espérances. J’étais assise sur le canapé, les deux mains tendues vers lui, et il me regardait sans paraître comprendre.

— C’est bien toi, Marianne, qui me tends la main ?

— Maxime… Tu es irrité contre moi ?

— Pardieu ! Est-il bien généreux, ma chère amie, de dire à l’homme qui vous aime : « Va-t’en, oublie-moi ! » à la minute précise où l’oubli lui est devenu impossible ? J’ai suivi tes conseils pourtant. Je suis parti.

— Et tu m’as oubliée ?

— J’ai essayé, pendant que tu flirtais avec Montauzat.

Je baissai la tête. Maxime s’assit près de moi.