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avant l’amour

égal et comme assoupi, le silence, les blancheurs de l’alcôve et de la fenêtre, éternisaient dans cette petite chambre le souvenir et l’espoir du sommeil. Elle gardait le charme froid de la virginité et, parmi les nuances neutres, les sièges rigides, près du lit étroit, l’amour se sentait mal à l’aise.

Contre le fauteuil où j’étais assise, Maxime se plaçait sur un tabouret bas, presque à mes genoux, le front à la hauteur de mes lèvres. Tendres ou railleuses, nos confidences se répondaient. Un jour vint pourtant où comme Paolo et Françoise, nous ne lûmes pas plus avant au livre de nos cœurs. L’âme de l’été errait dans l’air avec l’odeur des jeunes roses ; et Maxime, enivré par le crépuscule couleur de perle, par la solitude, par le silence, laissa sa bouche s’égarer. Baiser délicieux aux lèvres qui s’aiment, prélude éternel de la suprême possession, baiser qui trouva sans forces ma jeunesse affamée d’amour. Pourquoi me laissa-t-il infiniment triste, oui, infiniment triste et déçue ? Maxime vit ma