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avant l’amour

ressenti, Marianne, et dont tu t’es épouvantée, c’est le triomphe du désir sur tes pudeurs et tes ignorances.

Je me taisais.

— Tu as peur des mots, ajouta le tentateur avec un léger dédain. Tu t’effares parce que les voiles de la chimère sont tombés, parce que tu te trouves, femme, aux bras d’un homme ? Et tu songes peut-être, avec tristesse, que cet homme n’est ni ton mari, ni ton fiancé. Mais pourquoi nous arrêter devant les barrières des superstitions ? Tu m’aimes — puisque tu es dans mes bras — et je t’aime… Et pendant que nous languirons dans l’attente, des êtres jeunes comme nous, libres comme nous, goûteront des ivresses dont nous serons privés ! Si tu savais, si tu voulais, Marianne…

— Tais-toi, Maxime. J’ai peur de te croire. Je ne veux pas t’écouter.

— Bah ! dit-il, le temps, la nature, l’amour te persuaderont plus vite que tu ne penses. Ne crains rien de moi. Je ne veux te tenir que de toi-même… mais je te veux et je t’aurai.