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avant l’amour

incomplètes ont de trouble et de douloureux, exaspéraient en lui une sensualité sans tendresse. Convaincu que la brutale énergie réussirait où avait échoué la douceur, il me traita comme ces femmes qui aiment à s’humilier et adorent la main qui les frappe. Ses sarcasmes le vengèrent de mes refus. Pourtant un lien subsistait entre nous et je m’efforçais d’aimer Maxime pour n’être point obligée de me mépriser tout à fait.

« Il faut bien que je l’aime, puisque je lui ai tant donné de moi-même. »

Hélas ! plus se resserrait l’équivoque intimité, plus je sentais qu’il me serait difficile de me donner tout entière, sans que cet abandon revêtit l’aspect d’un sacrifice. Loin de Maxime, par les nuits orageuses, l’obsession de l’amour tendait mes bras vers lui, ouvrait ma bouche à sa bouche invisible, domptait mes répugnances et pliait ma volonté. « Il a raison, me disais-je. Pourquoi attendre ? »

— Es-tu sûre d’aimer ?… répondait mon cœur.