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avant l’amour

mon tuteur, il ne pouvait que regretter une liaison compromettante, sans crier au crime et au déshonneur. Maxime avait une maîtresse ; cette maîtresse, mariée et séparée — non point divorcée — serait peut-être un obstacle dans sa vie. C’était un malheur ; mais il est des malheurs plus graves, et Maxime n’était pas homme à sacrifier son avenir à celle qu’il appelait crûment un crampon. Je ne m’expliquais ni l’attitude du jeune homme, ni la colère de M. Gannerault, ni les indiscrétions d’Héribert. Assurément, on me cachait quelque chose.

« Il faudra bien que Maxime me dise tout. Il me doit une sincérité entière, pensais-je avec humeur. S’il vient, je lui parlerai. »

Il arriva comme six heures sonnaient. Je prévis que nos parents rentreraient d’un moment à l’autre, écourtant un entretien qui devait être sérieux et pouvait devenir tragique. Depuis nos baisers dans les bruyères, je sentais approcher le dénouement de nos énervantes amours, et avec la jalousie naissante, avec l’ancienne angoisse, montait en moi ce grand désir