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avant l’amour

bruyères, sous les pins que tu devais chanter la romance de la vierge timide. Je t’ai bien fait des concessions ; je me suis réconcilié avec mon père, j’ai travaillé, j’ai cherché tous les moyens de vivre et de te faire vivre, un jour, avec moi. Je suis prêt à désespérer une amie plus dévouée et plus généreuse que tu ne l’as jamais été. Enfin, tu t’es promise… Et quand je demande, bien tendrement, ma récompense, tu me réponds que tes actes contrediraient tes sentiments. Peux-tu te marchander ainsi !

— J’ai ma fierté. Une autre, hier ; moi, demain… Ah ! je n’avais pas rêvé ces noces-là ! Le dégoût…

— Tu n’as pas toujours été si dégoûtée. Ne force pas ton talent, mon amie. Les attitudes lamartiniennes ne te vont pas. Certes, j’admets que tu as une âme, une âme pure, éthérée, qui plane trop haut pour s’apercevoir des frasques de son enveloppe matérielle. Mais épargne-moi l’hymne du remords à son réveil.

— Maladroit ! dis-je en haussant les épaules. Tu ne sais pas ce que tu perds.