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avant l’amour

— Menteuse ! perfide ! Je n’ai pas rêvé pourtant. Mais je t’ai tenue dans mes bras ! J’ai baisé ta bouche. Que me parles-tu de ton âme lasse, de tes nerfs malades, de la nostalgie de repos ? Des mots, tout cela. Tu ne m’as jamais aimé. Tu t’es amusée à te faire adorer. J’étais le pantin dont tu tenais les ficelles. Je te donnais la comédie. Pourquoi me recevais-tu ? cria-t-il en posant sa lourde main sur mes cheveux. Par vanité, par ennui, par plaisir ? Ah ! souviens-toi, dans la sablonnière, tu voulais bien alors, et j’ai été trop bête, vraiment…

— J’avais perdu la tête, dis-je à travers mes larmes. Je ne nie pas mes torts, mais je ne peux pas, non !… Si tu avais été un autre homme…

— Pauvre petit ange ! Tu voulais m’estimer ? Ma vie offusque ta vertu ? Allons, sois franche : dis que je te gêne, que tu me méprises.

— Malgré moi.

— Oui, fit-il, voilà le grand mot lâché. Tu me méprises parce que j’emploie à servir mes intérêts, mes projets et mes haines, tous les moyens que je crois bons, parce que je n’ap-