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avant l’amour

J’oubliais les outrages reçus — et peut-être mérités — dans une triomphale sensation de pureté reconquise. Le passé se dissolvait doucement comme un cauchemar, et quand une réminiscence traversait mes rêves, je ne reconnaissais plus en moi l’héroïne de ce lamentable roman.

Ce furent des jours un peu mornes, apaisés, comme ouatés de silence et de neige où se préparait obscurément quelque mystérieuse réaction. Je connus alors l’orgueil de n’appartenir qu’à moi-même. Mes lèvres purifiées, ma chair vierge goûtèrent la haute volupté de la pudeur volontaire. Il me sembla que j’avais fermé les portes d’un domaine où j’étais maîtresse, domaine interdit aux profanes désirs des hommes et promis à la conquête d’un très pur amour.

Le livre de Maxime devait paraître fin mai. Il ne nous donna point de détails sur le succès probable de cette œuvre. Ses visites étaient rares et courtes. Il m’évitait. Et quand madame Gannerault nous forçait à la suivre vers le ru bordé de saules, les creux de sable où crois-