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avant l’amour

composée, inondée de pleurs. Et après des heures de gémissements, il nous fallut la dévêtir, la coucher, l’engourdir par des narcotiques. Je restai près d’elle, dans la chambre close, où flottait une odeur d’éther, pendant que Maxime écrivait. Nous dînâmes en silence. Ma marraine dormait, enfin, du lourd sommeil qui suit les crises. Vers huit heures Maxime avait regagné sa chambre lorsqu’un télégramme arriva.

Pressentant l’ordre du départ, je montai chez lui.

— Entre, me dit-il. J’allais te prier de venir, j’ai quelque chose à te remettre.

Il était à demi vêtu, d’un pantalon de drap blanc et d’une chemise de flanelle légère, sans cravate, le col ouvert. J’entrevis le lit bouleversé par la fiévreuse insomnie d’un homme qui s’y était jeté plusieurs fois, cherchant le sommeil impossible. Sur la table, des papiers gisaient.

— Je pars demain, dit Maxime en pliant la dépêche. J’espérais quelque délai. Allons !…