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avant l’amour

Mon amie, ne m’accuse pas de lâcheté. Je n’oublie pas nos conventions et je donnerai à ton cœur le long délai qu’il exige. Tu veux revoir un homme martelé et racheté par l’exil, le travail, la fidélité dans la solitude — un homme qui n’aura gardé de Maxime Gannerault que son invincible amour… Soit, j’accepte l’épreuve. Car je ne m’abuse pas, chérie, sur la nature du sentiment qui t’a poussée dans mes bras.

Tu ne m’avais jamais aimé, Marianne, et tu ne m’aimes pas encore ; mais j’en suis sûr, à présent, tu m’aimeras. Il faut que notre solidarité s’affirme plus profonde et que je réalise ton vœu. Non, tu ne pouvais m’aimer quand ton cœur trop jeune prenait le désir de l’amour pour l’amour même… Et moi, tâtonnant comme toi, maladroit, dur, chimérique, j’égarais notre marche incertaine vers des routes où l’amour n’a jamais passé, et sans prudence j’étalais à tes yeux les coupables misères de ma vie…

Ah ! mes espoirs, mes rancunes, que tout