Page:Tinayre - Gérard et Delphine - La Porte rouge.pdf/287

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été tué s’est fracassé le crâne en glissant sur les marches.

— On dira que les gardes l’ont frappé.

— On le dit déjà, et que des femmes ont été sabrées. Comptez sur M. Gorsas et sur le Palais-Royal pour en faire un roman, à seule fin d’exciter le populaire.

Au-dessus de l’escalier, un personnage en manteau cramoisi, dans un paysage de théâtre, souriait à ceux qui montaient les marches sanglantes. Gérard et M. de Gouvernet parcoururent les salles où les gardes s’étaient barricadés, et qu’ils avaient abandonnées l’une après l’autre, quand les panneaux des portes craquaient sous les massues des assiégeants. Un désordre de ville saccagée mêlait les meubles renversés, les rideaux arrachés, les éclats de vitres. Dans la chambre de la reine, les oreillers et les draps s’amoncelaient sur le tapis, derrière le balustre de l’alcôve. Dans l’Œil-de-Bœuf, gisaient les tabourets et les banquettes que les défenseurs avaient entassés contre les portes de ce dernier retranchement, refuge suprême, où le roi et la reine de France, serrant contre eux leurs enfants terrifiés, attendaient la mort.

M. de Gouvernet loua la générosité des gardes-françaises qui avaient racheté bien des fautes en sauvant les gardes du corps dans cet extrême péril.

— Ils se sont mieux conduits que vos miliciens versaillais, dit Gérard. Ceux-là pratiquent l’assassinat par derrière, et le sieur Le Cointre, le marchand de toile devenu commandant…