Page:Tinayre - Gérard et Delphine - La Porte rouge.pdf/291

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

purge la terre des monstres et fait reculer la nuit, s’étonnaient de la solitude.

— Il faut partir, dit M. de Gouvernet. Vous avez besoin de repos. Ne restez pas ici. Il y a de quoi pleurer de tristesse.

Les portes qui ne s’étaient pas fermées depuis Louis XIV, faisaient crier leurs gonds. Les reflets mouraient dans les glaces. Gérard croyait entendre l’écho prophétique des voix qui annonçaient :

« Le Roi est retiré, messieurs. Retirez-vous ! »

Avec Gouvernet, il redescendit l’Escalier de Marbre, où le sang de Varicourt assassiné mettait une coulée sombre. Le personnage en manteau cramoisi, dans son paysage théâtral, regardait s’en aller les deux officiers nobles, et derrière eux, l’officier de la milice.

— Ce commandant de bataillon dont vous êtes si content, qu’est-ce que c’est ? demanda Gérard à Gouvernet. Un ancien soldat, ou un bourgeois de Paris ?

Le comte répondit négligemment :

— Ni bourgeois, ni soldat. Un simple brasseur du Faubourg Saint-Antoine, patriote, mais bien dévoué au roi. Il s’appelle Santerre.


FIN


« La Clairière »
1934-1935