Page:Tinayre - Gérard et Delphine - La Porte rouge.pdf/69

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


V


Le dimanche 4 mai, dès l’aube, les Parisiens, par milliers, accoururent à Versailles. Entre la cathédrale et l’église Saint-Louis, sur le parcours de la procession, les maisons, jusqu’au premier étage, s’habillèrent de tapisseries. Des reposoirs s’élevèrent, et des estrades pour les chœurs de musiciens. Le ciel flottait, bleu et blanc, comme la bannière de France. Tout était joie, espoir, concorde. On oubliait les graves mutineries qui avaient éclaté dans les provinces, et la sanglante émeute du Faubourg Saint-Antoine, avec le sac cage et l’incendie de la fabrique de Réveillon. Les États Généraux s’ouvraient. Les trois ordres ne feraient qu’une seule âme en trois corps. Finis les privilèges, finies les inégalités, finie la misère. Les Français, pleurant de sensibilité, allaient s’embrasser comme des frères, sous l’œil attendri du meilleur des rois.

La place d’Armes grouillait de peuple. Les balcons portaient des bouquets de femmes. Il y avait des curieux jusque sur les cheminées.