Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/110

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« Si j’étais morte, moi, il n’eût pas tant souffert… Peut-être regrette-t-il que ce soit moi la survivante !… »

Madame Clarence, qui tenait à la vie, éprouva ce même bien-être d’exister qu’elle avait connu, le matin, dans le parc, au soleil tiède. Allons ! les mauvais jours finiraient, puisqu’il n’est pas de deuil éternel. Clarence se rapprocherait peu à peu de sa compagne qui avait su généreusement — et habilement — respecter son chagrin… Il s’intéresserait aux enfants… Et peu à peu, il se consolerait à son insu…

Quand Pauline rentra dans sa chambre, elle vit que Georges n’avait pas bougé, la tête tournée vers la ruelle du grand lit, les bras jetés à plat sur la couverture. Il ne répondit à la question affectueuse de sa femme : « Comment es-tu ?… Désires-tu quelque chose ?… Puis-je rester ?… » Pourtant, elle vit qu’il avait les yeux ouverts.

N’osant le quitter ainsi, elle alla s’asseoir à l’autre bout de la chambre, et se mit à rêver. Elle s’ennuya bientôt, son émotion étant tout épuisée, et elle essaya de lire.

Onze heures sonnèrent, puis minuit. Ma-