Aller au contenu

Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Une bergère en haillons, les pieds nus, la mine inquiète et sauvage, contemple les voyageurs en filant sa quenouille de laine brune… Quelqu’un l’interroge :

— Quel est ce château ?… Roncières ?… Tu dis bien Roncières ?… Et il appartient à qui ?… monsieur Clarence ?… Georges Clarence, le musicien ?

La « drolle » répond, dans un français mêlé de patois… Et soudain, une curiosité nouvelle émeut les dames voilées de mousseline blanche et de crêpe gris… Georges Clarence, le musicien de l’amour, l’auteur de Sylvabelle, de la Princesse de Clèves, de Parisina, l’amant de la fameuse cantatrice italienne, Béatrice Alberi !… Il est ici, seul ?… Non… Avec sa maîtresse ?… Non… La bergère a parlé de madame Clarence, du petit jeune monsieur, de la petite fille… Ils viennent tous quatre, chaque année, pour les vacances, et monsieur vient tout seul, quelquefois, même en hiver… Il ne reste jamais bien longtemps…

Les voyageuses écoutent, amusées, avec un sourire de malice sous leurs voiles… Où est l’Alberi, pendant que Clarence savoure, au fond