Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/175

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

messieurs vénérables ont l’air de figurer. Un autre, jeune, de belle mine, très chic, très « rive droite », s’ennuie dans son coin.

— Ces vieux, c’est les sénateurs, dit Mirame, et ce jeune-là, c’est un amoureux.

— Croyez-vous ?

— Il ne commande pas son dîner ; il s’énerve ; il tient son journal à l’envers : il attend.

— Ne le regardez pas trop, Mirame : il attendrait sans impatience et sans mérite.

Le menu est fait, le potage servi. Au fond de la salle, les vieux messieurs à tête de cire continuent de figurer les sénateurs. Mirame surveille la porte.

— Ah ! la voilà !… Gentille, hein ?… Il n’est pas à plaindre le monsieur.

— Elle non plus n’est pas à plaindre.

— Il est très bien, oui ! Voyez donc ! Il a tiré sa montre… Reproches muets !… Elle s’excuse… Oui, oui, une heure de retard !… Mais c’est qu’ils ont l’air de s’aimer, ces petits !…

— Mirame, vous ne buvez pas !

— J’ai peur d’engraisser, monsieur. Dans mon métier, on engraisse toujours trop vite… Vous comprenez, c’est très joli d’être grasse,